Encore de l'appétit pour les États-Unis

Publié le 02/03/2013 à 00:00, mis à jour le 28/02/2013 à 09:22

Encore de l'appétit pour les États-Unis

Publié le 02/03/2013 à 00:00, mis à jour le 28/02/2013 à 09:22

Notre monnaie n'a plus le pouvoir d'achat qu'elle avait en 2010, mais le moment est encore propice d'acheter des actions aux États-Unis. Un huard plus faible à l'avenir gonflerait les rendements réalisés à l'étranger. Les titres américains restent aussi le meilleur moyen de pallier la trop grande concentration de la Bourse canadienne dans les ressources et les finances.

POURQUOI ?

«Le moment idéal pour traverser la frontière, c'était en 2010 lorsque le huard valait 1,08 $ US, que l'indice S&P/TSX de Toronto était évalué de 20 % plus chèrement que le S&P 500 et que l'immobilier américain touchait le fond du baril», dit Vincent Delisle, stratège de Banque Scotia. Cet expert préfère encore les actions américaines aux actions canadiennes, même si les deux Bourses ont aujourd'hui des évaluations similaires. «L'immobilier rebondit aux États-Unis, tandis qu'il commence à fléchir au Canada», fait-il valoir.

À son avis, le S&P 500 devrait procurer un rendement supérieur au TSX jusqu'à ce que le huard atteigne 0,90 $ US et que l'évaluation de la Bourse canadienne revienne à un ratio cours/bénéfice plus normal, inférieur de 5 à 7 % à celle du S&P 500.

«La majorité du rendement aux États-Unis depuis deux ans provient de la surperformance du S&P 500. Or, l'effet de la devise se fera davantage sentir au cours des 12 à 18 prochains mois», dit M. Delisle.

Si la devise n'est qu'une infime partie de l'équation pour l'investisseur à long terme François Rochon, président de Giverny Capital, elle peut tout de même jouer en sa faveur.

L'indice Big Mac, qui mesure le prix du célèbre hamburger dans différents pays, indique que le huard est surévalué d'environ 20 % à son niveau actuel. «Même si le dollar canadien a fléchi de plus de 4 % récemment, il est encore loin de la valeur d'équilibre établie en fonction de la parité de son pouvoir d'achat», note M. Rochon.

C'est une raison de plus d'investir aux États-Unis, selon lui.

Tout recul de notre monnaie par rapport au billet vert gonflerait le rendement que procureront les actions américaines, une fois ce rendement converti en dollars canadiens.

Mais pour M. Rochon, le principal argument en faveur des actions américaines reste le fait qu'elles sont encore bon marché. Les entreprises du Dow Jones se négocient à un multiple de 13 fois leurs bénéfices prévus en 2013 par rapport à un multiple de 17 fois, il y a 10 ans.

COMMENT ?

Les FNB favoris de deux experts

Les FNB constituent le meilleur outil pour bien des investisseurs, car ils offrent une diversification instantanée à peu de frais.

À condition d'éviter de négocier compulsivement.

Deux experts préfèrent les attributs de deux FNB inscrits à la Bourse américaine pour leur taille, leur diversification, leurs frais et leur facilité de négociation. À noter : ces deux fonds n'éliminent pas l'effet des changes entre nos deux monnaies.

Ian Gascon, président de Placements Idema, suggère le fonds Vanguard Mid-Cap VO (NY, VO) qui investit dans 450 titres américains de moyenne capitalisation avec des frais d'aussi peu que 0,10 %.

«Ce fonds de 32 G$ US offre une meilleure diversité qu'un grand indice dominé par des titres vedettes. Les 10 poids lourds représentent 5 % de ce fonds, tandis que les 10 plus importants titres du S&P 500 comptent pour le cinquième de sa valeur», explique M. Gascon.

Pat Chiefalo, analyste chez Financière Banque Nationale, suggère pour sa part le fonds Vanguard Total Market (NY, VTI). Le fonds de 210 G$ US comprend 3 278 titres. Ses frais de gestion de 0,06 % sont plus que modestes. Malgré la multitude de titres, ses 10 principaux placements comptent pour 16 % de l'actif du fonds, avec Apple (Nasdaq, AAPL, $ US) en tête.

Deux experts partagent leurs fonds préférés

Les fonds communs restent l'outil de prédilection de plusieurs investisseurs qui confient leurs épargnes à un conseiller financier.

Après tout, les investisseurs canadiens ont acheté pour 30 G$ de fonds communs en 2012, deux fois plus que de FNB.

Le Fonds de valeur américain O'Shaughnessy RBC plaît à Michel Marcoux, président d'Avantages Services financiers. Géré à partir d'un modèle strictement quantitatif conçu par James P. O'Shaughnessy, le portefeuille se distingue de l'indice S&P 500, sa performance est supérieure à la moyenne et ses rendements sont peu volatils, dit-il.

Les 56 titres en portefeuille sont choisis uniquement à l'aide de critères quantitatifs qui ciblent des sociétés susceptibles de procurer un rendement supérieur à long terme, en raison de leur évaluation raisonnable.

Un score de «valeur» établit le poids des titres en portefeuille.

Avec des frais de gestion de 1,53 %, il est aussi moins cher que 75 % des fonds équivalents.

Combiner des fonds

Dan Hallett, directeur de la gestion des actifs chez HighView Financial, préfère les fonds mondiaux aux fonds d'actions américaines, en raison de la latitude que confère à leur gestionnaire leur mandat plus large.

Pour les investisseurs qui négocient avec un conseiller, M. Hallett suggère le Fonds Dynamique Power Croissance américaine, géré par Noah Blackstein, et le Fonds Trimark petites sociétés américaines.

Aux investisseurs autonomes, M. Hallett conseille le fonds du chasseur d'aubaines et de titres boudés de Francis Chou, le Fonds Chou Associates. Ce fonds donne ses meilleurs rendements à très long terme, et a procuré un rendement annuel composé de 3 % supérieur aux fonds équivalents sur 15 et 20 ans.

Actuellement, 63 % de l'actif de ce fonds est investi aux États-Unis. Il exige un placement minimum de 5 000 $.

Pour ses propres placements, M. Hallett préconise une approche hybride qui consiste à combiner un FNB américain et un fonds commun mondial.

Il propose le Fonds mondial Mawer et le FNB Vanguard Dividend Appreciation (NY, VIG). Répartis également, ces deux fonds cumulent des frais de gestion de 0,85 %. Le FNB de Vanguard calque efficacement un indice qui cible les sociétés américaines ayant accru leur dividende pendant au moins 10 années consécutives.

Le fonds de 14,6 G$ US compte 133 titres dont les géants Wal-Mart, Coca-Cola, Procter & Gamble, PepsiCo, Chevron, IBM et McDonald's.

Le Fonds mondial Mawer affiche l'un des plus faibles ratios de frais de gestion de sa catégorie, soit 1,45 %.

Ses gestionnaires choisissent des sociétés bénéficiant d'avantages concurrentiels, qui dégagent un rendement supérieur à leur coût en capital ainsi que des flux de trésorerie excédentaires.

Les gestionnaires tentent de les acheter quand leur action se négocie à un cours inférieur à la valeur intrinsèque de la société.

Son rendement annuel composé depuis sa création en 2009, de 8,6 %, est nettement supérieur à la moyenne de 3,6 % des fonds de sa catégorie.

«Depuis dix ans, l'indice Dow Jones s'est apprécié de 56 %. Pourtant, les bénéfices de ses 30 membres ont plus que doublé. - François Rochon, président de Giverny Capital

CE QUE LE PRIX DU BIG MAC RÉVÈLE

Inventé par The Economist en 2006, l'indice Big Mac compare le prix d'un Big Mac d'un pays à un autre. Cette comparaison du pouvoir d'achat de différentes devises est possible parce que le hamburger est standardisé et qu'il utilise des ingrédients locaux. Il se calcule en soustrayant le prix d'un Big Mac dans un pays donné par le prix du hamburger dans un deuxième pays, le tout divisé par le prix du Big Mac de référence, multiplié par 100. Ainsi, en janvier un Big Mac coûtait 5,39 $ au Canada et 4,37 $ US aux États-Unis (5,39 $ - 4,37 $/4,37 $ x 100 = 23,4 %). L'indice ne mesure pas précisément le désalignement des devises; il vise surtout à rendre la théorie des taux de change plus digestible.

COÛT DU CÉLÈBRE SANDWICH

4,37 $US aux États-Unis

5,39 $CA au Canada

dominique.beauchamp@tc.tc

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