CONSEILLER-ROBOT

L’humain remplacé par la machine ?

Ce ne serait pas le premier secteur d’activité où cela se produirait. Or, avec l’intérêt que l’on semble porter au conseiller-robot, certains pourraient croire que l’ordinateur s’apprête à remplacer le conseiller financier dans la gestion de patrimoine.

N’en croyez rien. Dans les faits, le conseiller-robot n’est qu’un outil de plus. Possiblement voué à un bel avenir, il n’ajoute pour l’instant qu’un volet numérique qui permet à l’investisseur de procéder plus facilement à l’ouverture de son compte et de modifier ses objectifs en ligne.

Le conseiller-robot est essentiellement un logiciel qui détermine la répartition du portefeuille appropriée à votre situation et qui exécute les transactions. Les solutions proposées sont généralement des portefeuilles composés de fonds négociés en Bourse (FNB), étant donné que l’un des objectifs principaux est de réduire les coûts pour l’investisseur.

Le conseiller-robot agit en fonction de vos réponses à une série de questions, sensiblement les mêmes que vous posent les conseillers financiers, afin de déterminer vos objectifs de placement, votre horizon de temps et votre tolérance au risque.

En plus de dicter la répartition d’actifs de votre portefeuille, le conseiller-robot effectuera le rééquilibrage nécessaire en fonction de l’évolution des marchés.

INTÉRÊT DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES CANADIENNES

Le phénomène du conseiller-robot intéresse beaucoup les institutions financières canadiennes. Déjà l’an dernier, le Groupe financier BMO a lancé le portefeuille futé. Il s’agit d’une solution numérique autonome qui allie simplicité, intuitivité et transparence, explique Sabrina Della Fazia, directrice générale, BMO Ligne d’action, Québec & Atlantique. Après avoir fourni ses réponses à un questionnaire en ligne, l’individu voit son argent être investi dans un des cinq portefeuilles types bâtis par les experts de la BMO. 

« Ces portefeuilles futés s’adressent évidemment à des gens dont les besoins ne sont pas très complexes et ciblent surtout les jeunes », dit Mme Della Fazia.

La Banque Nationale vient pour sa part d’effectuer un investissement minoritaire de 6 millions dans Nest Wealth, un conseiller-robot créé à Toronto il y a trois ans. On dénombre actuellement une dizaine de conseillers-robots au Canada.

Le développement des conseillers-robots, autant aux États-Unis qu’au Canada, est encore plutôt embryonnaire. Une période d’apprentissage risque d’être nécessaire. 

« Les gens prêts à tout faire en ligne actuellement ne représentent que 10 à 20 % de la clientèle totale. »

— Martin Gagnon, président, gestion de patrimoine, Banque Nationale

Ceux qui opteront pour la solution du conseiller-robot à la Banque Nationale, dont le déploiement commencera à l’automne, auront, comme chez la plupart des conseillers-robots, toujours accès au service d’un conseiller qui répondra à leurs interrogations au besoin. « Pour nous, la définition du conseil implique qu’il y ait toujours un humain derrière et que ce conseil soit personnalisé », dit Martin Gagnon.

La Corporation Financière Power, quant à elle, vient de compléter un investissement de 30 millions dans Wealthsimple, le plus gros conseiller-robot canadien actuellement. Lancée il y a un peu plus de deux ans, la firme compte 20 000 clients au Canada et des actifs sous gestion de 750 millions qui sont investis en fonds négociés en Bourse. Sa clientèle est formée principalement de jeunes individus et d’investisseurs débutants.

SIMPLICITÉ ET PERFORMANCE

Pour l’instant, les solutions de placement offertes par les conseillers-robots ne sont pas très élaborées et reposent sur les principes de base de l’investissement. Le danger est d’hypersimplifier les propositions d’investissement, craint Ian Gascon, président de Placements Idema, un gestionnaire de portefeuilles qui propose depuis déjà quelques années des solutions de placement personnalisées, à faible coût et utilisant des FNB.

L’outil est simple à utiliser, mais ce qui importe, c’est l’expertise qui existe derrière le robot, croit le président d’Idema. Comment alors évaluer la qualité d’un conseiller-robot ? Pour l’instant, il n’existe pas de classement, mais ça viendra peut-être un jour, indique M. Gascon. Éventuellement, c’est la performance des portefeuilles offerts par les robots qui les départagera, selon lui.

Les institutions financières s’y intéressent

0,4 % de l’actif

Frais moyens pour les portefeuilles de 100 000 $ et plus

5000 $

Investissement minimum qui permet d’avoir accès à un conseiller-robot

Sources : Nest Wealth et Wealthsimple

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